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La nappe

En partie artificielle, la recharge de la nappe phréatique de la Crau est intimement liée à la culture locale du foin de Crau. Véritable chance pour la Crau, cette nappe qui alimente en eau potable près de 300 000 habitants répond aussi aux besoins en eau de l’agriculture et de l’industrie et des milieux naturels remarquables. Au centre de nombreux enjeux liés à la gestion de la ressource en eau en Crau, elle est indispensable à l’équilibre du territoire craven.

Une recharge majoritairement artificielle

La nappe de la Crau a un fonctionnement très particulier par rapport au fonctionnement des nappes souterraines méditerranéennes classiques. L’alimentation en eau de la nappe est majoritairement d’origine artificielle. C’est l’irrigation traditionnelle des prairies de foin de Crau, dite « par submersion », qui assure la plus grande part de la recharge de la nappe (70%), la pluie complète cet apport principal.  Sur une grande partie du territoire, il en résulte un régime de fluctuations annuelles artificielles marqué par de hautes eaux en été (irrigations de fin mars à fin septembre) et un régime de basses eaux en hiver contrairement au fonctionnement classique des nappes méditerranéennes. Dans le sud-ouest, les variations montrent des niveaux de hautes eaux en hiver ce qui s’explique par l’absence de prairies irriguées dans ces secteurs et par l’influence de la pluie. L’amplitude des variations de niveau peut aller de 50 cm (secteurs non irrigués) à plus de 10 m (secteurs irrigués).

Comment chemine l’eau qui coule sous nos pieds ?

La nappe d’eau douce contenue au sein des cailloutis est une nappe libre. Sa surface n’est pas contrainte par une couche de couverture imperméable et se trouve en équilibre avec la pression atmosphérique. 
La nappe s’écoule de manière générale du seuil de Lamanon au Nord-Est en direction du Sud-Ouest de la plaine vers la zone d’exutoire principale de la nappe. Cette zone de marais est constituée de laurons, des puits naturels alimentés par l’eau de la nappe. Vers le Sud-Ouest, les cailloutis de la Crau se prolongent sous les formations deltaïques de la Camargue en s’épaississant, formant une partie sous couverture et contenant une nappe dite « captive », majoritairement constitué d’eaux saumâtres à salées.
Deux axes de drainage naturels de la nappe parcourent la plaine, le premier du Nord au Sud et l’autre au Nord, partant de Lamanon en direction d’Arles. L’eau peut y circuler jusqu’à une vitesse d’écoulement de 3 mètres par jour tandis que la moyenne est d’environ 25 cm par jour. C’est sur ces axes que l’on retrouve la majorité des captages d’eau potable effectués dans la nappe.

Une ressource en eau indispensable pour le territoire Craven

La nappe de la Crau constitue, au niveau départemental, l’une des principales ressources en eau pour la satisfaction des besoins humains et est qualifiée à ce titre de ressource patrimoniale dans le SDAGE. Au-delà de l’intérêt qu’elle présente en termes d’alimentation en eau potable des populations, cette réserve en eau, d’environ 550 Mm3, est fortement sollicitée pour les besoins des activités industrielles et agricoles. De plus, il existe d’importantes connexions de cette nappe avec les milieux naturels en Crau.

  • Alimentation en eau potable :
    La nappe approvisionne en eau 13 communes sur le territoire de la Crau et des alentours, soit environ 270 000 habitants. Pour cela, 18 captages publics sont recensés sur le territoire ainsi que des milliers de captages privés (eau domestique, campings…).
  • Eau industrielle :
    A minima, une cinquantaine de prélèvements industriels existent sur le territoire. Une part importante de l’eau brute de la zone industrialo-portuaire est prélevée dans les eaux du canal d’Arles à Fos.
  • Eau agricole :
    Les prélèvements agricoles dans la nappe doivent être déclarés auprès de l’Organisme Unique de Gestion Collective des prélèvements pour l’irrigation porté par la Chambre d’ Agriculture depuis 2010. Malgré le travail engagé, les volumes prélevés pour l’agriculture sont encore mal connus car de nombreux ouvrages demeurent non déclarés. Néanmoins le volume global autorisé (volume maximum potentiellement prélevé dans les ouvrages régularisés) est de l’ordre de 48Mm3/an alors que le volume déclaré annuellement est en moyenne de 22 Mm3/an.
  • Les espaces naturels tels que les marais ou les étangs sont dépendants du fonctionnement de la nappe, la quantité d’eau de ces milieux fluctue en fonction de l’apport en eau et des prélèvements effectués dans la nappe.

Mais une ressource fragile !

Le niveau de la nappe est fortement influencé par l’irrigation gravitaire des prairies de foin de Crau (70% de la recharge) dont l’eau provient de la Durance et est acheminée via un vaste réseau de canaux. Ce régime induit un fonctionnement spécifique de la nappe, une forte dépendance aux pratiques agricoles locales et aux tensions de plus en plus importantes sur la ressource en eau du bassin de la Durance.

Par ailleurs, la nappe des cailloutis est une nappe libre, donc non protégée par une formation imperméable ce qui la rend particulièrement vulnérable à tous types de pollution. Les activités humaines, densément présentes sur la Crau, constituent des facteurs potentiels de pollution. 
La nappe phréatique de la Crau subit par ailleurs de nombreuses autres pressions : l’étalement urbain ou encore les intrusions marines. Elle risque ainsi de se dégrader à long terme. Cette ressource en eau, accessible, peu onéreuse, est pourtant indispensable pour l’alimentation en eau potable de 300 000 habitants mais aussi pour les activités agricoles, industrielles, militaires et les milieux naturels remarquables de la Crau.